Lexicon & Vocabulario de Nebrija mmxxii

Latino-Hispano, Hispano-Latino



Le corpus


Les cahiers sur Jupyter-lab

L'utilisation de Python dans Jupiter-labs a été un outil essentiel pour comparer et analyser les différentes listes de mots contenues dans les dictionnaires.

Le code a été utile pour effectuer certaines des tâches nécessaires à l'analyse des différents corpus. Par exemple, séparer les entrées de leur définition, analyser la présence ou l'absence de mots dans la version originale et la seconde édition, et établir les chevauchements entre les deux dictionnaires.

Les deux cahiers suivants peuvent vous aider à comprendre le processus. Cliquez sur leurs titres si vous souhaitez les télécharger ou les explorer.

"Premier analyse de la lettre B" et "Comparaison des éditions du Vocabulario"


La modernité chez les dictionnaires

Dans les dictionnaires de Nebrija, nous pouvons observer un processus évolutif vers la modernité. La caractéristique la plus importante est, selon Alvar Ezquerra (1988), l'élimination de tous les ornements médiévaux et encyclopédiques de ses définitions. Cela a permis de réduire le dictionnaire à un outil offrant un texte court pour chaque entrée, tout en permettant d'augmenter le nombre d'entrées. Nebrija a réussi à éviter presque complètement l'utilisation de plus d'une ligne lorsqu'il a fourni les équivalents pour chacune des lemmes dans le Lexicon et le Vocabulario.

Si l'on compare les deux éditions originales (1492 et 1494), l'élimination de certains noms propres d'une édition à l'autre montre le passage d'une tradition classique à une tradition moderne.

Comme le montre le graphique, les mots les plus utilisés répondent à la formule réductrice "por cosa...", "por aquello..." "por lo mesmo...", etc.

Résultats


L'utilisation des types U et V dans les dictionnaires

En cherchant des preuves pour comprendre les différences entre la première et la deuxième édition du Vocabulario, nous sommes tombés sur une découverte importante liée à l'application des principes de Nebrija lors de la composition de la matrice pour l'impression de ses œuvres. Dans sa description, nous trouvons l'une des caractéristiques les plus importantes qui allaient façonner la langue espagnole moderne : "Tenemos de escrivir como pronunciamos y pronunciar como escrivimos" (nous devons écrire comme nous prononçons [les mots], et prononcer comme nous écrivons).

Dans les éditions originales, imprimées à Salamanque en 1492 et 1494, la volonté de l'auteur semble plus présente que dans les éditions suivantes des dictionnaires. La preuve de cette affirmation se trouve dans les variations d'orthographe ou de graphie utilisées dans les deux éditions. Dans les premières éditions, l'utilisation des lettres "u" et "v" est bien définie, voire totalement normalisée, selon les principes établis par Nebrija dans sa Grammatica Castellana.

Dans les deuxièmes éditions et leurs copies ultérieures, la représentations graphiques du son /u/ en tant que voyelle et en tant que consonne sont échangées.


Les principes dans la Grammatica et dans Reglas de orthographia

D'autres caractéristiques ont pu être remarquées au cours du projet : les variations dans la typographie utilisée pour imprimer les œuvres de Nebrija à partir de Salamanque et la manière dont la tradition de chaque éditeur a affecté les principes proposés par l'auteur. D'une part, nous avons constaté qu'une partie importante du texte présenté dans la Grammatica Castellana (1492) pour définir l'utilisation de certains sons et lettres, comme /u/, a été réutilisée pour l'impression des Reglas de orthographia (1517). D'autre part, nous avons un texte imprimé qui n'est pas cohérent avec ce qu'il lit. Ces problèmes sont illustrés dans les extraits suivants :

Si on observe attentivement le texte des Reglas de orthographia (à droite), imprimé à Alcala dans l'atelier d'Arnao Guillen de Brocar, et que nous le comparons au texte de la Grammatica castellana (à gauche), imprimé à Salamanque par Juan de Porras, nous pouvons remarquer que l'utilisation des formes rondes et angulaires pour le son /u/ dans les Reglas de orthographia ne correspond pas à ce qui est établi dans les règles d'utilisation de ces formes.

Le projet a fourni plusieurs exemples des décisions et des erreurs typographiques qui nous incitent à croire qu'Antonio de Nebrija, en tant que premier auteur des premières règles grammaticales et lexicographiques de la langue vernaculaire destinée à devenir la langue d'un empire, a essayé de renforcer l'utilisation de ses principes dans son propre travail. Nebrija savait qu'il était important d'établir des règles bien définies entre le castillan et le latin pour créer une identité linguistique.

Par conséquent, l'une des conclusions du projet est de remettre en question l'utilisation de la deuxième édition du Vocabulario comme texte de base pour la création de l'édition critique en raison de l'orthographe utilisée dans la deuxième édition en ce qui concerne l'utilisation de U et V.


Inventaires des lemmes dans les dictionnaires

Après avoir comparé la liste des lemmes dans de la littera B du Lexicon et la lettre B du Vocabulario dans l'édition originale et un exemplaire de la deuxième édition imprimée en 1516, les résultats n'étaient pas cohérents avec ce qui était attendu par rapport aux informations données par les colophons utilisés dans les éditions ultérieures. Il a été nécessaire d'inventorier d'autres lettres (u, x, z) pour vérifier s'il existait une certaine proportionalité dans la suppressions de lemmes.

À ce stade de l'analyse, il a été décidé de compter les lemmes pour chaque lettre de l'alphabet dans les deux éditions du Vocabulario afin d'avoir une perspective de l'ensemble des proportions occupées par chaque groupe de lemmes dans le dictionnaire hispano-latino. Les résultats sont présentés dans le graphique suivant.

Après ce projet, l'utilisation de chiffres approximatifs pour définir le nombre total d'entrées dans chaque dictionnaire pourra être abandonnée. Grâce au travail combiné de l'IA et de la Ground-truth, on peut affirmer que le Vocabulaire de 1494 contient un total de 19.358 entrées pendant que la deuxième édition a 15.940 .

En ce qui concerne le Dictionarium latino hispanicum, il est nécessaire de définir le numéro total d'entrées en 28.989.


Les causes d'erreur de calcul

L'une des principales raisons ayant affecté le comptage des lemmes dans les deux dictionnaires est sans doute l'absence de pagination. Les pages n'étant pas numérotées, la méthode la plus pratique pour compter les lemmes consistait à obtenir le nombre de pages et à le multiplier par le nombre d'entrées, indiqué en deux colonnes, par page. Grâce à l'utilisation des transcriptions assistées par ordinateur, nous avons pu prouver que cette méthode, si communément utilisée par certains chercheurs, était erronée.

Nous présentons un diagramme où l'on peut voir les variations réelles du format de deux colonnes de 49 et 48 lignes par page, ce qui donne 98 ou 96 lemmes dans presque chaque page selon le dictionnaire. Le Lexique a tendance à avoir 98 entrées par page, tandis que le Vocabulaire en a 96. Le diagramme suivant montre les pages où le format est modifié :